Le printemps s’annonçait prometteur et lumineux après un deuxième hiver sous Covid à devoir s’adapter à des restrictions frustrantes et à digérer des chiffres affolants. Mais l’espoir d’une embellie plus qu’attendue et méritée fut de courte durée, emporté par la folie furieuse d’un tyran qui en aura décidé autrement !
Tel un coup de matraque, la guerre si soudaine en Ukraine nous a, ou plus personnellement, m’a sidérée expliquant en partie mon silence radio sur ce blog. Cette “invasion” cruelle et immédiate jetant du jour au lendemain des milliers, ou plutôt des millions, de femmes et d’enfants sur les routes de l’exode arrivant dans les gares de Berlin et d’ailleurs, dépourvus de tout, ne demandant rien, m’a choquée.
A l’opposé, la solidarité émouvante et la forte mobilisation des berlinois pour accueillir au mieux les réfugiés m’ont réchauffé le coeur. L’appel de la ville débordée nous demandant d’héberger des ukrainiens m’a aussi marqué et je me suis alors demandée comment je pourrais me rendre utile dans ce cataclysme et en quoi je pourrais contribuer à cet élan d’humanité ?
Me rendre au Kremlin et offrir mes compétences de Gestalt thérapeute à son résident ? Il fallait me rendre à l’évidence, c’était inconcevable… Après les dons d’argent et de vêtements, il me restait l’envie d’en faire plus, l’impuissance m’était insupportable. Une amie proche s’est lancée dans la coordination de bénévoles françaises sur des initiatives en gares et bien d’autres. J’intègre le groupe whatsapp de cette belle communauté mais ne trouve pas la force ni l’énergie d’aller accueillir, orienter et réconforter toutes ces personnes arrivant déboussolées, déracinées…
A la lecture du message “Recherche logement pour maman de 29 ans, sa fille de 7 ans et leur petit chien fuyant Kharkiv et arrivant dans les jours prochains à Berlin” mon estomac s’est noué et j’ai pris contact pour les accueillir. Avec mon partenaire, nous avons préparé leur venue comme si nous les connaissions, avons attendu anxieux des updates quotidiens de leur parcours du combattant et 4 jours après, nous avons pu recueillir cette famille décomposée, le papa étant resté la-bas pour se battre…
Les retrouvailles ou disons plutôt les trouvailles, vu qu’on ne se connaissaient pas, furent fortes en émotions. Le sourire de cet enfant et les larmes de sa maman seront gravés en moi pour longtemps. Ce soir, nous irons les voir et leur apporter, je l’espère, un peu de réconfort. Mais ce que je souhaite le plus au monde, c’est qu’elles et leur petit Basenji, puissent bientôt rentrer chez elles retrouver leurs proches et leur vie.
Et moi, je garderai la fierté d’avoir pu participer, à hauteur de mes capacités, à cette immense chaîne de solidarité en agissant dans mon cercle d’influence, le seul où il nous est possible de reprendre notre pouvoir et notre responsabilité !